07/05/13
21:39 J'ai 10 ans, ça fait bientôt 15 ans que j'ai 10 ans...
10 ans, déjà. Il y a pile 10 ans, à cette même minute, paraissait mon premier post sur ce blog.
L'occasion idéale pour faire un bilan. De ce blog, mais aussi de la blogosphère.
D'abord, quelques chiffres (j'aime bien les chiffres, ils sont souvent explicites) : 1440 posts (celui-ci inclus), 7982 commentaires (probablement quelques spams inclus) pour un total de 485 personnes différentes (d'après le pseudo affiché) ayant commenté.
Pour le reste du bilan, finalement, tout est dans les archives. Ce blog retrace mon évolution. Tour à tour carnet de voyage (Japon, Québec, Québec again, Amérique du Nord, mais aussi Ecosse (cherchez bien, il y a une photo d'anthologie pas loin), Grèce, Irlande, Barcelone 1 & 2 (et j'en passe) comme témoignage de mon passage dans des pays que je ne pensais pas forcément voir un jour, défouloir d'humeur noire ou joyeuse, témoignage du quart d'heure de gloire Warholien, post suscitant de nombreuses réactions (le lien pointe vers celui en ayant eu le plus) ou pas, post fortement vu (le lien pointe vers celui en ayant eu le plus) ou pas, terre d'accueil de longues réflexions structurées ou... de posts lapidaires (fouillez dans les archives, elles sont là pour ça) ce blog est fidèle à l'image que je voulais lui donner.
Je voulais un lieu à moi, où je sois le seul maître à bord, qui me permettrait de donner des nouvelles à des amis de Reims que je quittais alors. Et quand je vois encore passer régulièrement Duncan par ici, je me dis que c'est gagné.
Par contre la chose que je n'avais absolument pas prévue, c'est la dimension sociale que le blog impliquait. En effet, j'ai pratiquement rencontré toutes les personnes présentes dans ma liste de liens (on va y revenir). Même celles que je pensais ne jamais voir (trop loin, trop différents...) je les ai vues. Et soyons honnêtes, je n'ai jamais regretté une seule de ces rencontres.
Parce que finalement, autant j'ai vu beaucoup de gens formidables, autant vous aurez remarqué que ma liste de liens à droite (petit moment vantardise : il y a 10 ans, les menus étaient en majorité situés à gauche ; j'ai volontairement placé le mien à droite pour que les posts soient plus mis en valeur) ressemble au cimetière des éléphants. J'avoue c'est presque autant par choix que par flemme : une liste vide n'a pas grand intérêt et... c'est chiant à changer.
Mais alors, où sont passés tous ces gens ? Qu'est-il arrivé à la blogosphère ? (cette transition est géniale, vous n'aviez rien vu venir, avouez).
Quand j'ai commencé à bloguer, je ne faisais pas partie des pionniers. Bingirl (profitez, ce lien est à jour) et quelques autres étaient déjà actifs. J'ai fait partie de la deuxième vague. Ceux qui bloguaient sans forcément un sujet précis, un thème de prédilection. Ceux qui se servaient de leur blog comme d'un lieu curatif (i.e. : copier coller des tas de liens issus de longues heures de surf).
Et puis sont arrivées les premières plate-formes de bloguing : 20six, canalblog, over-blog, blogger... Et déjà là, la vaste communauté s'est scindée en plusieurs petites communautés promues par les hébergeurs respectifs. Puis est arrivé le vrai problème, celui qui a toujours fait foirer les communautés hippies (numériques ou non) : l'argent.
Les annonceurs ont commencé à cibler des "blogueurs influents" et à leur proposer des "billets sponsorisés". A l'époque, ça avait fait un mini scandale. Mais l’appât du gain a été le plus fort. Du coup, certains blogueurs se sont professionnalisés et se sont donc spécialisés : difficile d’enchaîner un article sponsorisé sur un test de téléphone puis sur une coloration pour cheveux. Ainsi ceux ayant pris le virage payant se sont offert leur nom de domaine et ont poursuivi dans cette voie, créant des mini blogosphères : la blogosphère beauté, la blogosphère mode, la blogosphère culinaire...
Et pour les autres ? Facebook est arrivé. Ce qui résume pratiquement tout. Les posts "état d'âme" sont devenus des "statuts Facebook". Les commentaires des posts sont devenus des "like". Plus besoin de se faire chier à écrire une réponse drôle et pertinente à un post que l'on a bien aimé : un clic sur un bouton suffit. C'est ainsi que les commentaires sur les blogs ont pratiquement disparus.
Enfin, pour les rares survivants allergiques à Facebook, Twitter est arrivé. 140 caractères pour s'exprimer, mais une rapidité inégalée (même pas par les flux rss).
Je le constate tout comme vous : Twitter a tué mes posts d'états d'âme et mes posts lapidaires. Du coup, mes posts sont souvent plus longs qu'avant. Et donc plus espacés.
Je pense continuer une mouvance qui n'existe plus, celle du lieu un peu fourre-tout des débuts. Et je m'en contente fort bien : en commençant à bloguer, je savais déjà ce que je comptais publier et surtout ce que je ne comptais pas publier. Notez que c'est un problème auquel tout le monde se retrouve un jour confronté, avec des dilemmes tels que dois-je accepter mes collègues de travail sur un réseau social ? Mes parents ? Ma famille ? Sauf que je m'épargne déjà les questionnements du type mais qui a le droit d'utiliser ce que je publie ? Est-ce que mes informations peuvent être vendues ? L'autonomie, ça a du bon.
Alors forcément, au bout de 10 ans, on pourrait se demander s'il ne s'agirait pas là de mon dernier post. Je ne le pense pas. Je prends toujours autant de plaisir à publier par ici, loin des "gagnez un séjour offert par mon partenaire en étant tiré au sort en laissant un commentaire (et en ayant préalablement cliqué sur les boutons Like, +1 et Tweet en bas de cette page) pour les 2 ans (2 ans, déjà !) de ce blog". Ici, rien à gagner en commentant, si ce n'est mon respect devant votre non paresse.
J'ai même en projet une rubrique "Ces BDs dont vous n'avez pas assez entendu parler" retraçant les oubliées des étals (trop de sorties BDs empêchent la visibilité sur celles de qualité). De quoi alimenter encore et toujours mon joyeux foutoir numérique, hébergé sur le même moteur depuis le début (son auteur était d'ailleurs assez stupéfait de voir que quelqu'un l'utilisait toujours).
Alors, on se dit rendez-vous dans 10 ans ?
|