04/10/13

18:56 Jeux de société : itinéraire d'un joueur
Comment peut-on passer d'un intérêt très relatif pour les jeux de société (le Cluedo, on finit par en faire le tour) à une veille quotidienne sur un site d'un éditeur allemand (alors qu'on ne parle même pas cette langue) ? C'est ce que je vous propose de comprendre en suivant mon parcours. Attention, ce post est un peu long.

Au début du jeu de société fut...

Mes premiers souvenirs marquants de jeu furent comme beaucoup d'enfants celui du Monopoly. Par contre je doute que tous les enfants aient eu une petite soeur mauvaise perdante qui balance le plateau de rage en pleine partie... Initialement conçu pour démontrer les effets négatifs du monopole, ce jeu préhistorique (prémisses en 1903 tout de même) est d'un point de vue ludique extrêmement limité : "lancer des dés et espérer tomber sur la bonne case" ou "regarder quelqu’un lancer des dés et espérer qu’il tombe sur la mauvaise case" (cf. cet article). Autant dire que ce n'était pas gagné...

La première claque ludique

Mon approche du jeu de société a commencé à changer en 2004 (parce que la partie de Risk en 2000 était certes sympa, mais bon...), lorsque Flaky m'a fait découvrir les Colons de Catane (vous noterez que dans mon post de 2004 je mentionne également Jungle Speed). Catane, une partie à 8 (donc 4 équipes de 2), un jeu de colonisation d'une île, avec des ressources permettant de construire des choses... Quoi, le jeu de société ce n'est pas que le jeu de l'oie ? Incroyable... Cet univers est peut-être bien plus intéressant que ce que j'avais bien pu connaitre auparavant...

Les années Ze Zem

Désirant approfondir ce qu'était le "jeu de société moderne" (j'avais cependant déjà acquis Munchkin), j'entrepris avec des collègues d'aller dans un bar à jeux bordelais, le Ze Zem. Un bref passage dans les archives de ce blog révèle pas moins de 7 entrées (1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7). Etant un groupe très nombreux, ce fut l'occasion de tester des jeux d'ambiance, sans "prise de tête". Quelques découvertes (Les Loups-Garous de Thiercelieux, Contrario...). A noter, l'achat d'un contrario canadien (anglais) lors d'un de mes séjours là-bas. Mais le jeu qui reste le plus marquant de cette époque et qui fait d'ailleurs partie de ma ludothèque, c'est Time's up : des devinettes, des mimes, de la rapidité et des fous rires en pagaille, vraiment le jeu sortable avec des non joueurs !

Le jeu, le cadeau idéal

A force de jouer (et de lire de temps en temps Tric Trac), on finit par se dire "oh, ce jeu-là il devrait bien plaire à...". Et donc, on offre des jeux de société. Ainsi ma soeur s'est vu offrir le jeu de cartes pour 2 joueurs des Colons de Catane (que je me suis offert ensuite), mon cousin Les Colons de Catane : La conquête de Rome (oui, quand je vous disais que les Colons de Catane m'avaient marqué), mes parents Takenoko... Et puis il y a eu le jeu familial, plébiscité par mon cousin, ma soeur et mes parents : Les aventuriers du rail (Europe). Un jeu avec des objectifs secrets, un peu de réflexion mais pas trop, des parties assez longues pour savoir ce qu'on va faire mais assez courtes pour ne pas s'ennuyer, une vraie réussite ludique. Le jeu familial par excellence.

Ze Zem est mort, vive Jeux Barjots !

Ayant un cercle d'amis plus restreint pour jouer, et des amis plus enclins à réfléchir un peu (mais pas trop), exit les jeux d'ambiance à 10 ou plus. De bonnes découvertes de jeux dont j'ai déjà parlé sur ce blog tels Petits meurtres et faits divers ou Cyrano. D'autres jeux y ont été testé, tel Evo ou Smallworld. Fait amusant, ces deux jeux sont du même auteur, et autant j'ai aimé le premier, autant le second m'a donné l'impression de subir toute la partie : le temps que tout le monde joue, la situation dans laquelle on se retrouve est terriblement différente à la situation dans laquelle on a finit son tour de jeu, empêchant toute stratégie. Et je tente de tester la majeure partie des jeux (ah ah) qui me plaisent là-bas. J'ai longtemps hésité avant de trouver un jeu représentatif, j'ai finalement opté pour l'un des derniers jeux auquel j'ai joué là-bas, un bon jeu nécessitant une petite courbe d'apprentissage : Seasons, découvert via une sorte de lobbying de Martin Vidberg. C'est un jeu que tout le monde a apprécié, mais il faut bien reconnaître que l'expérience y a une part prépondérante : plus tu y joues et plus les novices seront sûrs de perdre contre toi. C'est pour cette raison que malgré ses illustrations splendides il ne figure pas dans ma ludothèque.

Mon premier vrai gros jeu à moi

Si j'accorde une grande importance à l'avis de Martin Vidberg, c'est parce qu'il a conseillé Endeavor. Et Endeavor, quand j'ai lu l'article de Martin Vidberg, je l'ai voulu. Je vous en ai d'ailleurs déjà parlé ici et là. Pourquoi Endeavor ? Parce que le thème de la découverte de nouveau continent parle au joueur de Colonization que j'étais, parce que le plateau central plus les plateaux individuels me semblent être la meilleure combinaison, parce qu'on doit veiller à un développement homogène, parce que c'est stratégique mais pas trop trop non plus... Bref, j'adore toujours autant.

Jeux collaboratifs

Des fois, on se dit que jouer contre ses amis, c'est sympa, mais jouer avec ses amis, c'est mieux. Surtout quand il y a un joueur un peu tricheur. C'est lors d'une soirée au bar à jeux que j'ai découvert Pandémie. Ce n'était pas le premier jeu collaboratif que j'essayais : j'avais déjà joué aux Chevaliers de la table ronde. J'étais alors tombé dans une partie où un chef de partie s'est vite imposé et mes choix fort restreints. Bref, pas amusant.
Par contre, avec Pandémie, point de chef (en tout cas moins perceptible) et donc un challenge à relever en équipe. Après un échec cuisant, la fois suivante où mes comparses et moi-même nous sommes retrouvés au bar à jeux, nous avons refait une partie : chacun avait dans son coin réfléchi à comment vaincre. Ce fut un nouvel échec sur le fil, mais une preuve que ce jeu était fort entêtant. L'auteur du jeu a également publié L’île interdite, joué chez mon cousin et trouvé un peu plus familial/simple que Pandémie, ainsi que Le désert interdit, joué au bar à jeux et moyennement accroché. Donc ce fut Pandémie qui a fini par atterrir dans ma ludothèque. A noter, une partie avec 5 cartes épidémie remportées (oui, on peut gagner à ce jeu !). Seule chose à faire attention : laisser jouer les joueurs et ne pas les commander. Sinon que du bon : le thème (la fin du monde à cause de maladie), les choix cornéliens (dois-je porter assistance à cette ville ou plutôt tenter de trouver le remède de telle maladie, au risque de déclencher une éclosion pouvant être fatale ?) et un stress croissant à mesure que la partie avance. Le jeu est bien équilibré : on perd ou on gagne, mais rarement de beaucoup.

De belles découvertes

Bien que lisant de temps en temps Tric Trac et La sélection du dimanche, il m'est arrivé de passer à côté d'un jeu, découvert ensuite chez des amis ou offert en cadeau.
Dans la première catégorie, il y a 7 wonders. Pour être précis, un ancien collègue m'en avait parlé lorsque je cherchais un jeu "familial plus" (familial mais un peu plus complexe que ce qu'a l'habitude de jouer votre tonton), ce qui a débouché sur l'achat d'Endeavor. Il s'agit d'un jeu de cartes (de draft plus précisément : on choisit une carte sur le tas qu'on a en main puis on passe les cartes restantes à son voisin) avec des ressources, une forte interaction avec ses voisins, une thématique civilisation agréable. Un excellent jeu "familial plus".
Dans la seconde catégorie, il y a Peloponnes, reçu pour mon anniversaire. C'est également un jeu de civilisation, mais cette fois, exit les cartes, bienvenue aux plateaux individuels et aux tuiles à acheter aux enchères. Je ne suis pas très fan des enchères mais là il faut avouer que ça marche. Il y a également des catastrophes à éviter et des ressources (dont du blé servant à nourrir sa population). Cerise sur le gâteau, ce jeu rapide peut se jouer de 1 à 5. L'image ci-dessous est issue de ce jeu.
Il y a également dans la seconde catégorie Skull & Roses un jeu rapide de bluff, de 3 à 6 joueurs. Excellent, permettant de jouer avec des non joueurs (coucou papa), ce fut un cadeau aussi inattendu qu'agréable.

Envie de plus...

C'est bien joli tout ça, mais à force de jouer, on finit par avoir envie de passer à la vitesse supérieure, de se tenter du jeu "velu", avec du kubenbois. Du jeu jouable de 1 à 5 (comme Peloponnes) mais avec une difficulté au moins égale à Endeavor.
Alors on se renseigne, on regarde autour de soi, on découvre une réédition collector de Puerto Rico (jeu sorti en 2002 faisant toujours parti des références), Myrmes (un ovni ludique de gestion de fourmillière, oui), Caylus (la référence d'il y a 10 ans), Spyrium (le nouveau jeu du créateur de Caylus), Olympos (signé par l'auteur d'Evo et Smallworld)... On demande à des amis qui vous parlent d'Agricola et on découvre que son auteur est aussi l'auteur de Le Havre qui semble bien intéressant également...
On essaye de tester le plus de jeux pour savoir lequel nous convient le mieux, mais il est difficile de tester beaucoup de jeux velu avec des amis. Fort heureusement, j'ai fini par trouver 2 sites permettant de jouer en ligne : Boite à jeux et Board Game Arena. Concernant Le Havre, il existe une version Java (qui ne fonctionne pas partout) téléchargeable ici.
Et puis on finit par comprendre que la grande messe du jeu de société, le festival immanquable où sortent le plus de jeux de l'année c'est Essen fin octobre. Et donc on scrute les news des jeux qui vont sortir : Lewis et Clark, La route du verre (par le créateur d'Agricola), Les bâtisseurs Moyen Age (bien que ça ne soit pas très très velu), Francis Drake, Nations (encore un jeu de civilisation, on ne se refait pas)... Et en farfouillant plus, parce qu'Agricola, c'est bien mais frustrant, j'ai découvert qu'à Essen sortira Caverna (oui, pour une fois, pas de lien Tric Trac). Et après avoir lu les règles en anglais sur le site allemand de l'éditeur (oui), j'avoue que c'est mon gros faible actuel : de 1 à 7 joueurs, des nains, une option pacifique ou guerrière... Vivement sa sortie française (pas encore vraiment annoncée) !