09/03/23
20:35 Macron, le déni de solidarité 2, le retour
Je vous en parlais déjà en 2020 (n'hésitez pas à vous rafraîchir la mémoire), avant que le COVID ne finisse par nous sauver de la première réforme des retraites.
Depuis, une réélection loin du plébiscite avec un barrage républicain reconnu comme tel quand ça l'arrange (et c'est loin d'être souvent le cas). Et le retour de la fameuse réforme.
But annoncé : économiser 12 milliards d'euros annuels.
Est-ce nécessaire ?
Non, d'après le président du Conseil d’Orientation des Retraites. Ca le serait d'autant moins si le Fonds de réserve pour les retraites créé par Jospin justement en prévision du papy-boom n'avait pas été siphonné par Sarkozy (Consigliere de Macron, comme le monde est petit...).
Est-ce juste ?
Non, les femmes sont pénalisées. De l'aveu même du ministre des Relations avec le Parlement. Cocasse vu le calendrier.
Est-ce souhaité ?
Non, 93% des actifs, premiers concernés, sont contre. On enregistre des records de manifestants, qui se traduisent par le plus haut taux de mobilisation depuis plus de 50 ans.
Est-ce que le gouvernement tente de rendre la réforme souhaitable par tous les moyens ?
Oui, quitte à mentir. Enfin, non, à dire des choses qui sont mal comprises (ahem), notamment sur la revalorisation des retraites à 1200€ qui devait concerner 2 millions de personnes le 10/01, pour finalement tomber à... 10000 à 20000 personnes le 01/03 ! De plus, présenter la réforme comme "nécessaire sinon le concept de retraite disparaîtra" est un faux dilemme : il existe d'autres pistes (taxer les ultrariches, rétablir l'ISF, régulariser les sans-papiers, donner de vrais contrats aux travailleurs d'Uber et de Deliveroo, qui sont dans des situations précaires et qui ne cotisent pas. On peut aussi augmenter les salaires pour augmenter les cotisations...) qui ne sont même pas évoquées par le gouvernement. Sans parler des 160 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises versés en 2019 (montant qui ne baisse pas chaque année, bien au contraire).
Est-ce vraiment des économies de 12 milliards d'euros annuels qui seront faites ?
Pas vraiment, non. Pourquoi ? Parce que pour citer un célèbre homme politique français aujourd'hui Président de la République : Quand aujourd'hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans. C'est ça la réalité de notre pays. On va vous dire 'il faut maintenant aller à 64 ans'. Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans, les gens vous disent 'les emplois c'est plus bon pour vous'. Quand on sait que l'emploi des seniors s'élève à en deçà de 60% à 60 ans et à moins de 20% à partir de 64 ans, les perspectives entre 62 et 64 ans sont peu réjouissantes. Ces personnes sans emplois auront donc droit à l'assurance chômage/au RSA. Pas de retraite pour eux, mais d'autres aides et donc d'autres dépenses à prévoir.
Est-ce qu'on aurait pas de l'argent magique pour remplacer cette réforme ?
Oui, puisque le budget des armées passe de 295 milliards d'euros pour la période 2019-2025 à 413 milliards d'euros pour la période 2024-2030.
Est-ce que cette réforme ne servirait pas à combler autre chose, comme par hasard une suppression de cotisation des entreprises (mais genre les pas petites, avec plus de 500 000 € de chiffre d'affaire) ?
Difficile de dire non, malgré les dénégations plus ou moins fortes du gouvernement.
Quelles sont les perspectives pour les français avec cette réforme ?
Vous vous en souvenez, on a déjà subit une réforme de l'assurance chômage. Des droits plus courts. Des conditions d'accès plus strictes. Donc nous allons avoir des seniors, sans emploi, sans assurance chômage qui vont devoir vivre avec le RSA (que le gouvernement souhaite soumettre à conditions, parce que pourquoi pas, tant qu'on y est). De la chair à canon pour uber (que notre vénéré Président a bien aidé à s'implanter en France) et autres plateformes de salaire à la tâche déguisé (ben oui, ils utilisent des auto-entrepreneurs, la bonne blague).
Finalement, le grand proooooooooooooojeeeeeeet de Macron, son nouveau monde n'était-il pas de revenir au XVIIIe et XIXe siècle ?
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