31/01/20
15:18 Emmanuel Macron ou le déni de solidarité
Une fois n'est pas coutume, intéressons-nous à l'actualité.
Je ne parlerai pas ici de Cédric Herrou, puisqu'on va parler déni de solidarité et non délit de solidarité.
Lorsque l'on lit la page Wikipedia de notre Président, un détail attire l'attention Il affirme être passionné par les lettres et s’être engagé à gauche en raison de l’influence de sa grand-mère Germaine, enseignante puis principale de collège. .
Il est fort probable que cette admirable personne doit se retourner tellement de fois dans sa tombe qu'elle en a généré une sorte d'énergie perpétuelle.
En effet, l'une des valeurs fondamentale de la gauche est la justice sociale :
La justice sociale est une construction morale et politique qui vise à l'égalité des droits et conçoit la nécessité d'une solidarité collective entre les personnes d'une société donnée .
Revenons maintenant sur les principales réformes de notre Président : - Loi travail 2 : après une très controversée première loi travail adoptée via le 49.3, une seconde réforme est voulue. Dans les principales mesures, la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branches eux-mêmes primant sur le code du travail, le plafonnement des indemnités prud'homales et le compte personnel d'activité. L'idée derrière, c'est de faciliter la vie aux entreprises en cas de conjoncture économique moins favorable : une plus grande souplesse et plus d'agilité.
- Réforme de l'assurance chômage : cette réforme a pour but de faire des économies et faire baisser les statistiques des chômeurs : durcissement des conditions d'accès, indemnisations plus courtes. Un résumé ici. Pourquoi faire des économies ? Parce que la rentrée d'argent est moindre : en effet,
la cotisation salariale d'assurance chômage a été supprimée totalement depuis le 1er octobre 2018. (source). Moins d'argent qui entre donc moins d'argent qui sort. Et des chiffres en baisse.
- Réforme des retraites : d'après le gouvernement, le but est de "simplifier" les caisses de retraites. Personnellement, je considère une caisse de retraite comme une sorte d'accord de branche, donc leur multiplicité ne me dérange pas, mais soit, admettons que ça pose problème. La solution envisagée par le gouvernement est basée sur un système à points. Et là, plusieurs questions se posent :
Conclusion : avec la réforme, le montant de la retraite sera au mieux identique. Mais pour une grande partie de la population, le recours à une retraite complémentaire va devenir obligatoire.
Que ressort-il de tout ceci ?
- Un cercle vicieux :
- Les fonds de pension vont voir leur influence s'accroitre sur l'économie : avec plus de moyens financiers (via plus de souscripteurs qui seront obligés de passer par ce système pour obtenir une retraite décente) leur impact sera plus important. Et leur impact, quel est-il ? Outre d'être risqué, le but est un rendement du capital investi très supérieur au rendement économique du capital productif. En clair, investir un peu pour récupérer beaucoup, beaucoup plus (trop) que ce que l'entreprise ne devrait se permettre. Car l'argent rendu aux actionnaires ne part pas dans l'innovation et l'investissement dans l'entreprise (achat de nouvelles machines, etc.) entrainant une baisse de compétitivité.
- Afin de pouvoir rester compétitives, les entreprises vont donc devoir jouer sur la "variable d'ajustement" de ses salariés. Ca tombe bien, l'augmentation de la flexibilité des entreprises est au coeur de la réforme de l'assurance chômage. En clair, les entreprises vont devoir licencier pour s'adapter.
- Pour les nouveaux chômeurs, pas de chance. La réforme de l'assurance chômage les protège (très) peu. Et double effet Kiss-Cool©, la réforme des retraites va leur demander de travailler plus longtemps. D'où la nécessité d'avoir une retraite complémentaire pour pallier le faible montant de la retraite initiale. Et donc augmenter la puissance des retraites complémentaires.
Une forte hausse de la pauvreté est donc à prévoir.
- La fin de la justice sociale et in fine, de la cohésion nationale :
- Les réformes introduisent moins de cotisations, donc moins d'argent pour la solidarité collective entre les personnes de la société française. Résultat, un peu plus de chacun pour sa gueule.
- En plus d'une individualisation forcée de la société, une hausse du communautarisme vient un peu plus diviser l'union nationale. Comment en pourrait-il en être autrement quand les divers gouvernements successifs n'ont pas arrêtés de draguer l'électorat du FN (et dans le gouvernement actuel Jean-Michel Blanquer n'est pas le dernier) ?
- Enfin, le gouvernement, en rompant le dialogue social (ou du moins en en ayant une conception très particulière), laissant volontairement pourrir les situations de crise (gilets jaunes depuis le 17/11/2018, durée de grève record...) et utilisant une répression sanglante (avec de nombreuses bavures) est directement à l'origine d'une fracture profonde au sein de la société.
De plus, le simple fait que la compassion du gouvernement soit pour des statues ou des devantures de magasins plus que pour des manifestants blessés par des armes de guerre (souvenons-nous des mots très cyniques du Président pour une manifestante) ou les un deux trois morts (au moins). Morts pour : fermeture de volets, fête de la musique trop tardive, prise de vidéo avec son téléphone portable. Des choses terriblement banales.
Le seul événement qui ne vient à l'esprit et qui pourrait permettre de retrouver l'unité nationale serait une victoire en Coupe du Monde... chose que le président a déjà gâché avec l'aide de son fidèle garde du corps, celui-là même qui s'en prend violemment à des manifestants en usurpant sa fonction.
Merci pour tout.
P.S.: je suis très fier de ne pas avoir effectué de point Godwin malgré tous les efforts du préfet de Paris : son port de la casquette, ses propos ou encore ses actes étaient particulièrement tentants...
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