20:42Angoulême 2018
Tradition de fin janvierdébut février premier tiers de l'année oblige, voici le post spécial post-Angoulême. Cette année, j'ai décidé de passer le samedi avec Fusionnette. Donc je ne me suis rendu que le vendredi et le dimanche à Angoulême. J'ai eu l'impression qu'il y avait moins de monde qu'à l'accoutumée, mais ce n'est qu'une impression. Comme l'année dernière, je vais mettre un peu plus en avant le livre dédicacé et la rencontre via une petite anecdote.
Vendredi, journée remplie avec beaucoup d'attente dans les files et peu d'à côté. En même temps, en étant présent que deux jours, mon plan de bataille était le suivant : dédicaces le vendredi, expos le dimanche.
Et on commence avec... une erreur dans mon planning. J'avais noté une dédicace l'après-midi (15h-17h) alors que c'était le matin. Personne dans la file d'attente, mon exemplaire à dédicacer est dans mon coffre de voiture mais pas grave : je vais faire dédicacer le tome 4 (qui est le premier tome d'une trilogie, tout comme le tome 1 et le sera le tome 7). Le livre :Naguère, les étoiles est comme son nom l'indique une parodie de La guerre des étoiles. L'action est transposée au moyen-âge. Le scénariste et le dessinateur s'en donnent à coeur joie pour nommer leurs personnages, c'est un moment de lecture très drôle et plaisant. L'anecdote : bien que résolus à faire autant de tomes que de films Star Wars dans la lignée principale, les scénaristes et auteurs ont décidé de ne pas se lancer dans les spin-off. Parce que les spin-off, c'est bien mais le jour où sortira un film sur l'adolescence des Ewoks, on sera peut-être arrivé au bout du bout... Sinon, en bas à gauche de la dédicace se trouve un petit Jean-Michel Jarjar, petit cadeau bonus lorsque j'ai indiqué mon prénom.
On continue avec un de mes auteurs de BD préféré. Curieusement, il n'y avait pas de file d'attente pour lui et lorsque j'ai commencé à en créer une, on m'a dit de ne pas le faire. Apparemment il y avait des consignes pour éviter les pré-files d'attente. J'ai donc été très attentif aux formations de files et bien m'en a pris : on m'avait promis "presque personne", une douzaine de gens attendaient lorsque je suis parti avec ma dédicace... Le livre :La balade nationale est le premier tome d'une série racontant l'histoire de France en bande dessinée. Comme c'est une co-édition signée La revue dessinée, j'ai toute confiance dans le résultat. Ce premier tome est l'occasion de sillonner la France en compagnie de personnages de l'histoire de France (Jeanne d'Arc, Marie Curie, Molière, Alexandre Dumas (père), Pétain...) et de faire voler quelques idées reçues en éclat. C'est drôle, c'est instructif, c'est une réussite. L'anecdote : Etienne Davodeau ne signe que le premier album de cette série. Il travaille actuellement avec Joub et un autre ami sur un album traitant des cinquantenaires qui devrait paraitre chez Futuropolis.
Ayant bien avancé sur mon planning du matin, je me retrouve face au problème suivant : toutes les autres séances de dédicaces ont une file d'attente imposante et plus aucune dédicace n'est prévue dans l'heure et demie qui vient. C'est donc le moment idéal pour visiter l'exposition consacrée à Naoki Urasawa. Ensuite, direction un polar SF scénarisé par Cyril Pedrosa (bien connu pour ses récits autobiographiques tel Portugal). Le livre :Sérum raconte l'histoire d'un homme à qui on a inoculé un sérum de vérité. Incapable de mentir, il va devoir survivre dans un pays (la France) où petit à petit on découvre qu'un régime totalitaire et flippant s'est instauré. L'anecdote : Cyril Pedrosa recherchait un dessinateur avec un trait plus sombre pour dessiner cette histoire. Nicolas Gaignard travaille désormais sur un nouvel album qui n'aura "rien à voir" avec celui-ci.
Changement de sujet avec un livre avec lequel on ne va pas beaucoup rigoler, mais qui fait partie des indispensables de cette année. Le livre :Petite maman nous raconte l'histoire d'une petite fille dont la maman âgée de 15 ans lors de sa naissance a du mal à faire face. Et comme le malheur attire le malheur, la mère s'éprend d'un homme maltraitant. Non, on est pas là pour rigoler. L'anecdote : Halim souffrait du dos lors de cette dédicace. J'espère que ça va mieux. Halim s'est inspiré de l'histoire de Marina Sabatier pour écrire cette BD.
Un peu plus de légèreté maintenant avec un passage sur le stand des éditeurs indépendants pour une série de 3 dédicaces. Un peu seulement, parce que la première oeuvre dédicacée est assez triste. Le livre :La tristesse de l'éléphant est comme son nom l'indique, une histoire triste maintes fois primée à raison. Triste mais magnifique, tant pour le dessin tout en crayons de couleur que pour le récit. Ce dernier parle d'un petit orphelin qui trouve refuge au cirque, le temps que ce dernier reste dans sa ville. Tous les ans, le cirque passe et le garçon s'évade... jusqu'au moment où il rencontre une des artistes. Je n'en dis pas plus, allez le lire ! L'anecdote : Nina Jacqmin et Nicolas Antona ont prévu de retravailler ensemble, mais pas tout de suite, et pour un album qui sera très différent. C'est aussi pour que les attentes ne soient pas trop orientées sur un récit semblable qu'ils reportent leur future collaboration. En attendant, Nina Jacqmin travaille actuellement sur l'adaptation d'un livre.
On continue avec un auteur découvert (et apprécié) l'an passé : Michele Zerocalcare. Le livre :Oublie mon nom raconte le décès de la grand-mère de l'auteur et comment faire face. Ca reste du Zerocalcare, avec énormément de références pop culture. Cet auteur est un peu le Boulet italien, pour vous donner une idée. L'anecdote :Oublie mon nom fait suite en France à Kobane calling. Or chronologiquement, c'est l'ordre inverse. Le futur livre de Zerocalcare sera publié en même temps en France et en Italie, ce qui devrait rassurer les lecteurs (non, l'auteur ne dessine pas plus mal avec le temps, c'est l'inverse).
On termine sur le stand des éditeurs indépendants avec un livre emprunté à la bibliothèque, beaucoup aimé et qui figurait dans ma liste "à acheter un jour". Il faut dire que je suis avec beaucoup d'attention la production de sa dessinatrice depuis L'apocalypse selon Magda. Le livre : c'est une histoire vraie, son histoire, qu'Ingrid Chabbert a confié à Carole Maurel. Celle d'une femme qui attend avec sa compagne un enfant... qui ne viendra pas. Un sujet délicat traité avec beaucoup de justesse et de tendresse. Magnifique. L'anecdote : les deux auteures ont travaillé ensmble ensuite pour adapter En attendant Bojangles. Actuellement Carole Maurel travaille sur un diptique dans un univers post apocalyptique (tel que celui de Divergente par exemple). Hâte ! C'était la première dédicace de Carole Maurel en 2018 et... était signée "2017".
Retour au stand des gros éditeurs pour terminer la journée en beauté. Le livre :Docteur Radar raconte l'histoire d'un méchant, un vrai super vilain qui fait froid dans le dos. Dans ce tome, sa maitresse s'évade de prison. Encore un coup de Dr Radar ? Sans trop vouloir spoiler, la réponse semble évidente... L'anecdote :Dr Radar est tiré d'un feuilleton radiophonique, l'auteur a donc encore de la matière pour 6 à 8 albums. Mais entre chaque tome, il se consacre à un autre projet.
Enfin, rencontre avec une auteure que j'apprécie depuis de longues années et dont la façon de dessiner les cheveux m'a longtemps évoqué Franquin (c'est moins vrai maintenant) : Anne-Lise Nalin. Le livre :Journal d'un enfant de lune traite d'une maladie héréditaire génétique rare, celle des "enfants de la lune" (Xeroderma pigmentosum). En effet, ces derniers ne supportent pas les rayons ultra violets du soleil et doivent plutôt vivre la nuit. Cet album est réalisé en partenariat avec une association. Le scénariste n'est autre que Joris Chamblain, déjà à l'oeuvre sur Les carnets de Cerise. L'anecdote : j'espère qu'Anne-Lise aura récupéré les clés de son appartement sans encombre... Sinon une suite est prévue, mais difficile à écrire (le contenu prévisionnel n'étant pas joyeux, la forte demande de la part des enfants de l'association est difficile à gérer). Un tome trois se déroulant en partie en Tunisie, pays très touché par cette maladie est également à l'étude. Ce tome s'annonce très ambitieux avec un contenu très dense. Là encore, hâte de pouvoir un jour le lire !
Après une journée passée avec Fusionnette, il est temps de reprendre la route d'Angoulême, cette fois avec l'ami Abrutim. Pour rappel, le dimanche, c'est le jour où il faut bien se résoudre à ne pas acheter tout ce qu'on voudrait même si les dédicaces sont possibles et à aller voir les différentes expositions.
Première dédicace avec un livre qui aurait pu repartir avec le fauve du meilleur album : Ces jours qui disparaissent. Le livre : Lubin est artiste de cirque. Suite à une chute lors d'une répétition d'un numéro, il se cogne la tête. Rien de grave. Sauf que le lendemain, il découvre qu'un jour complet s'est écoulé, journée dont il n'a aucun souvenir. Et le surlendemain, pareil. Lubin ne vit plus qu'un jour sur deux. Qui vit avec lui l'autre partie du temps ? Le sujet aurait pu être casse-gueule, se conclure par "tout ceci n'était qu'un rêve" mais en fait, non, tout est logique et bien construit. Pas étonnant donc que cette bande dessinée ait déjà remporté de nombreux prix. L'anecdote : Timothé était ravi de l'accueil fait à son livre, d'autant plus qu'il venait de signer les droits pour une parution à l'étranger. Bravo, c'est amplement mérité !
Direction ensuite l'un de mes coups de coeur absolu de l'année, pour un livre jeunesse qui vous ramène des années en arrière, doté d'une héroïne au caractère bien trempé et extrêmement touchante. Le livre :Momo est une petite fille de 5 ans qui n'aime pas voir son papa partir au large pour aller travailler. Alors elle reste avec sa grand-mère, sans oublier de lui faire les 400 coups. Et puis il y a la bande des garçons un peu bêtes. Et puis il y a Françoise, cette grande qui n'a pas peur des garçons. Et puis... L'anecdote : l'histoire se déroule en Normandie. Mais en Normandie ou aux Antilles, finalement, les enfants font un peu toujours les mêmes bêtises. Jonathan Garnier, par ailleurs à l'oeuvre sur Bergères guerrières admet avoir été un peu fort sur le cliffhanger de la fin du tome 1. Il n'est pas impossible que Momo ne perdure pas encore un peu, les auteurs semblent assez sollicités en ce sens et ça ne serait pas pour me déplaire, bien au contraire !
Vendredi, la file d'attente ne désemplissait pas pour ce livre auréolé du prix Fnac. Dimanche, personne ! Vite, sautons sur l'occasion ! Le livre :Betty Boob est une histoire pratiquement muette. Muette mais fort colorée, abordant l'après cancer du sein avec une approche burlesque et poignante. Loin des clichés et de la tristesse qui semble inhérante au thème abordé, nous sommes ici touchés en pleine poitrine par cette fable survitaminée. A lire ! L'anecdote : Julie Rocheleau habite Montréal. Et apparemment, il vaut mieux vivre à Québec qu'à Montréal pour faire de la bande dessinée.
Enfin, comme tous les ans, une dédicace de Boulet. Hé bien non. Cette année, au lieu de cette dédicace, repas avec Abrutim au Chat noir où nous avons (peut-être) croisé Naoki Urasawa. Ou pas. Puis visite des expositions consacrées à Osamu Tezuka et Marion Montaigne. Mais d'abord, retour sur l'exposition Naoki Urasawa vue vendredi.
J'adore Naoki Urasawa. Je l'ai découvert avec Monster. J'ai depuis acheté toutes ses créations parues (20th century boys, Billy Bat bien sûr, mais également Pluto, Happy!, Master Keaton... et même Pineapple Army, déniché à Strasbourg). L'exposition mettait en avant les planches originales des premiers chapitres de chacune de ses oeuvres, y compris la future Mujirushi, le signe des rêves (en collaboration avec Futuropolis et Le Louvre, sortie prévue en 2018 ) et Yawara! que je ne connaissais pas. En plus y figurait une vidéo de l'auteur en plein travail et expliquant les choix effectués pour la réalisation de l'exposition. En tant que fan, j'ai été comblé ! (Nettement moins quand j'ai réalisé dimanche après-midi qu'il dédicaçait également, mais vu le timing alloué et la file d'attente légitime, je n'ai pas de regrets).
La seconde exposition vue était la première du dimanche. Et ce fut une grosse claque. Osamu Tezuka est surnommé le Dieu du manga au Japon, on comprend mieux pourquoi en visitant l'exposition lui étant consacrée. De lui, outre Astro Boy, je connaissais L'histoire des 3 Adolf et Le roi Léo car ce dernier a inspiré le film Le roi Lion de Disney. Lors de l'exposition, j'ai donc découvert un auteur qui n'a cessé de se réinventer, de produire des oeuvres allant d'un peu naïves au début de sa carrière à très sombres par la suite, ayant une maitrise incroyable du découpage et effectuant des plans et des cassages de grille formidables. J'ai depuis commencé à emprunter certaines de ses oeuvres à la bibliothèque, tellement cette exposition m'a donné envie d'en découvrir davantage.
La dernière exposition vue était consacrée à Marion Montaigne. Là encore, auteure que j'adore. Je l'ai découverte avec son blog. Et puis il y a eu les dédicaces (2010, 2012, 2014 et 2015 (et une non bloguée en 2017)). Autant dire que j'étais au taquet avant l'exposition. Mais passer après celle de Tezuka est difficile. Alors il y avait bien des extraits de la série vidéo Tu mourras moins bête, une vidéo expliquant le processus créatif pour le blog, des originaux du blog, des originaux de Dans la combi de Thomas Pesquet, des objets liés à cette dernière parution, des livres conseillés par Marion... L'expo n'en restait pas moins très (trop) courte, trop vite vue. Dommage.
Pour vous donner une idée de ce qu'a vécu l'ami Abrutim, il suffit de regarder la vidéo ci-dessous :
Evidemment, tous les livres mentionnés ici sont de chaudes recommandations de lecture (même ceux que je n'ai pas encore lu ont été primé ou ont reçu suffisamment de critiques positives pour être considérés comme des valeurs sûres). Je ne patiente pas quelques heures juste pour le plaisir, mais parce que ces livres m'ont plu assez pour souhaiter échanger (voire ré-échanger) avec l'auteur.