05/03/17
13:12 Angoulême 2017
Tradition de fin janvier début février premier tiers de l'année oblige, voici le post spécial post-Angoulême. Encore beaucoup de monde cette année, surtout le samedi dans les stands éditeurs. Beaucoup moins le dimanche, y compris aux expositions : c'est normal, c'est la tradition. Angoulême reste quand même une énorme librairie avec des tonnes d'auteurs en dédicaces, c'est donc le moment de faire un bilan. Bilan sur lequel je vais tenter d'innover en mettant un peu plus en avant le livre et la rencontre via une petite anecdote.
Vendredi, journée remplie avec beaucoup d'attente dans les files et peu d'à côté. C'est à peine si j'ai pu aller aux stands des éditeurs "indépendants" (en tout cas moins gros que le stand principal). C'était un choix : Angoulême c'est tous les jours une bataille, mais pour gagner la guerre, il faut voir loin et donc sur 3 jours...
Et on commence avec une série dont j'avais pu avoir le scénariste en 2013. Pour le dessinateur, c'est chose faite. Ou presque...
Le livre : Aspic, détectives de l'étrange est une série de dyptiques. Le tome 5 étant sorti, nous avons donc 2 histoires complètes en deux tomes et une histoire qui s'achèvera avec la parution du tome 6. Cette série mêle un duo composé d'une jeune et jolie bourgeoise et un petit et astucieux gamin des rues confrontés à des énigmes paranormales (mais c'est expliqué dans le titre après tout). Après les médiums et les vampires, nous voici face à un fantôme de l'opéra...
L'anecdote : le dessinateur a changé pour ce 5ème tome, c'est Emmanuel Despujols qui succède à Jacques Lamontagne. Le scénariste reste Thierry Gloris et un petit clin d'oeil à ce changement est glissé dans l'album. Le trait n'est pas radicalement différent bien que distinct. C'est apparemment le scénariste qui aurait proposé au dessinateur actuel de travailler avec lui.
On continue avec une série que j'apprécie depuis pas mal d'années. C'est la première fois que j'avais l'occasion de voir le dessinateur, je ne m'en suis pas privé !
Le livre : Pico Bogue est un petit garçon maniant avec délectation les mots. Il a une petite soeur nommée Ana-ana tout aussi taquine que lui, ce qui laisse plus ou moins désemparés leurs deux parents. Cette série est composée de gags sur une page avec un nombre de cases variables. Le dessin est au crayon de couleur et je l'aime beaucoup.
L'anecdote : bien que les noms du dessinateur et de la scénariste soient différents, il s'agit en fait d'une entreprise familiale : la scénariste est la mère du dessinateur. Et le reste de la famille relit et valide chaque gag avant publication. C'est la scénariste qui est à l'origine de la série, apparemment elle souhaitait que son fils commence à travailler...
Vient ensuite un (couple de) dessinateur(s) pour une réédition/suite d'album. Cette phrase étant peu claire, je m'explique : Kerascoët est un couple mais seul l'un des deux était présent cette année à Angoulême. Je l'ai donc fait dédicacer sur un livre nommé Voyage en Satanie (scénarisé par Vehlmann) qui était initialement un dyptique chez Dargaud, sauf que... le second tome n'est jamais paru. Les éditions Soleil ont donc repris le titre et ont publié le dyptique en entier. J'ai connu Kerascoët via Jolies ténèbres publié chez Dupuis.
Le livre : Voyage en Satanie présente une expédition vers le centre de la terre afin de retrouver un homme parti à la rencontre des Sataniens, peuple supposé vivant sous la terre. Dans la version Soleil, les pages sont sur fonds noir ce qui ajoute au côté oppressant de l'album.
L'anecdote : si un seul des deux dessinateurs était présent à Angoulême cette année, c'est parce que l'autre devait s'occuper de leur(s) enfant(s)... et si la dédicace ressemble à un Rat-garou tout droit sorti de Bone, c'est un pur hasard, ils ne l'ont pas lu !
Il y a quelques années, j'ai reçu en cadeau l'intégrale de Quai d'Orsay. Et pour une fois, son auteur était à Angoulême en dédicace...
Le livre : Quai d'Orsay montre par diverses chroniques l'envers du décor du Ministère des affaires étrangères, période Dominique de Villepin. Il a été adapté au cinéma.
L'anecdote : Christophe Blain travaille actuellement sur un nouveau tome de la série Isaac le pirate, que je ne connais pas, à la stupéfaction de l'auteur en dédicace à côté.
Pour finir la journée, un autre cadeau dédicacé : Herakles.
Le livre : Herakles, si ce nom ne vous dit rien, pensez à sa version romaine : Hercule. Et là, tout s'éclaire. Le livre colle donc au plus près de la légende d'origine. L'une de ses grandes forces est de ne jamais noyer le lecteur sous les tonnes de rencontres d'Herakles (notamment les Argonautes) tout en les restituant. De plus le trait est inspiré des poteries grecques.
L'anecdote : Edouard Cour aurait pu devenir LE dessinateur de l'antiquité. Mais ça ne l'enchantait pas vraiment. Du coup, il est parti dans une biographie du fondateur de l’Aïkido (au Japon). Et son prochain album ne sera ni au Japon, ni en Grèce...
Samedi, journée commencée au stand des éditeurs "indépendants" pour fuir le monde. J'y suis d'ailleurs retourné plus tard dans la journée. Et journée placée sous les Hmongs.
Pour changer un peu et bien commencer la journée, c'est un cadeau que j'ai fait que je dédicace : Coquelicots d'Irak.
Le livre : Coquelicots d'Irak raconte sous forme de petites saynètes la vie de l'auteure en Irak, de son enfance à sa vie en France. Etant née à Mossoul, c'est l'actualité et la (dure) compréhension qu'elle ne pourra plus y retourner qui est à l'origine de cet album. Il y a un peu d'Arabe du futur dans cet album : si vous avez aimé l'un, vous devriez aimer l'autre.
L'anecdote : Brigitte Findakly est la coloriste attitrée de Lewis Trondheim... et sa femme. Bien qu'un second album ne soit pas prévu, il se peut que quelques souvenirs de famille racontés par d'autres membres amènent à une réflexion sur une éventuelle suite. Ou pas, évidemment.
De retour au stand des "gros" éditeurs, je patiente pour une dédicace de Lolita Séchan. Des bruits courent comme quoi hier il était difficile de la voir. Aucun souci pour ma part ce jour-là et c'était fort plaisant.
Le livre : n'y allons pas par quatre chemins, Les brumes de Sapa est un de mes gros coups de cœur de cette année. L'histoire retrace la relation entre l'auteure et une jeune Hmong rencontrée lors de son premier voyage au Vietman. De l'évolution de cette relation l'on perçoit également l'évolution du Vietnam ainsi que celle de chacune des protagonistes. Avec cet album, Lolita s'est fait un prénom.
L'anecdote : il s'agissait du premier Angoulême pour l'auteure du côté des dessinateurs et elle était plutôt anxieuse. Cependant, tout s'est déroulé à merveille : même la petite tache d'encre de la plume a fui mon exemplaire pour finir sur la table de dédicace. La rédaction de l'album ayant duré pas moins de 5 ans, le trait a changé entre le début et la fin : l'auteure aurait souhaité pouvoir tout redessiner mais je trouve que ça amène une idée de progression dans le parcours qui fait coller la forme au fond.
Encore une dédicace sur un livre offert. Et encore un livre que j'ai offert !
Le livre : La légèreté retrace l'errance de Catherine Meurisse après l'attentat de Charlie Hebdo, où elle travaillait. Je l'avais déjà vue à l'Escale du livre pour Moderne Olympia, livre que j'avais également offert. La légèreté questionne le rapport au beau, à l'art et à la barbarie avec humour, un excellent livre.
L'anecdote : aussi incroyable que ça puisse paraitre tant la forme et le fond semblent liés sur cet album, à sa parution, Catherine Meurisse a reçu plusieurs propositions d'adaptation cinématographique. Et l'une d'elle a eu sa préférence. Elle co-scénarise actuellement "ce qui sera peut-être son premier nanar" avec la réalisatrice, Julie Lopes Curval.
Suite à l'affluence dans le stand des "gros" éditeurs, retour sur le stand des éditeurs "indépendants" pour une dédicace de Kobane Calling.
Le livre : Kobane Calling, c'est l'histoire d'un italien qui va découvrir la lutte du peuple kurde contre Daech. Ca peut sembler chiant de prime abord, mais l'humour omni-présent et la sincérité du livre lui confère vite un statut d'incontournable. Il était d'ailleurs nominé dans la sélection officielle d'Angoulême de cette année.
L'anecdote : j'avoue, après quelques pages du livre, je m'attendais à découvrir un auteur anar-punk. Perdu. C'est un auteur déjà parfaitement bilingue et extrêmement agréable avec son public que j'ai découvert. J'étais déjà conquis par le livre, je le suis également par son auteur.
Retour au stand des "gros" éditeurs pour retrouver Vanyda, déjà vue en 2014 (et ratée de peu en 2012).
Le livre : Un million d'éléphants retrace dans un récit choral les évolutions du Laos. On suit ainsi plusieurs personnages (dont un Hmong) et leurs descendances. J'avoue, le livre nécessite une seconde lecture car il n'est pas toujours aisé de se situer dans cette multitude de protagonistes. Mais rien d'insurmontable non plus. Ca faisait plusieurs années que Vanyda souhaitait raconter "son" Laos et l'aide de Jean-Luc Cornette lui a été précieuse pour mener à bien ce projet très personnel.
L'anecdote : Vanyda s'est dessinée dans l'album, ainsi que sa famille. Sa grand-mère qui figure sur ma dédicace a été quelque peu embellie d'après elle. Lors de ce festival d'Angoulême, elle a participé à une rencontre en compagnie de Lolita Séchan.
Fin de la journée et dédicace un peu inespérée : je repère une file d'attente presque vide pour un livre qui était depuis longtemps sur mes radars. Je prends donc le livre avant de découvrir... qu'il y avait eu un tirage au sort. Les personnes à côté de moi m'ont encouragé à persévérer et effectivement, ce fut payant. Un grand merci à l'auteur.
Le livre : Là où vont les fourmis est un magnifique conte à lire à peu près à tout âge. Difficile d'en dire plus sans spoiler, sachez seulement qu'on baigne dans une ambiance Mille et une nuit moderne et que les dessins sont absolument splendides.
L'anecdote : Michel Plessix travaille actuellement à l'adaptation d'un roman se déroulant dans un des pôles. Beaucoup de blanc et de bleu sont à prévoir côté chromatique.
Le dimanche, c'est le jour où il faut bien se résoudre à ne pas acheter tout ce qu'on voudrait même si les dédicaces sont possibles et à aller voir les différentes expositions.
Et pour commencer, un scénariste déjà vu en 2012, Antonio Altarriba.
Le livre : L'aile brisée fait écho à L'art de voler. Ce dernier retraçait la vie du père de l'auteur tandis que L'aile brisée s'attarde sur la vie de sa mère. En effet, le traitement reçu par cette dernière dans L'art de voler ne lui rendait pas vraiment justice et l'auteur a voulu rectifier le tir. Ce qui lui a permis de découvrir des choses insoupçonnées sur sa mère. Kim est aux dessins, tout comme sur L'art de voler.
L'anecdote : Antonio Altarriba me l'a confirmé : il n'y aura pas d'autres albums sur des membres de sa famille.
Je suis un auteur déjà rencontré en 2009, 2011, 2012 et 2015. Je suis, je suis... Boulet. Oui, c'était facile.
Le livre : Notes retrace au format papier le blog de Boulet. Et une fois que l'on a dit ça, on a tout dit.
L'anecdote : Boulet n'est pas que dessinateur. Il est également co-directeur d'une collection dédiée aux sciences nommée Octopus. Sur cette dédicace, sa vraie réaction face à ce tweet :
Alors que la file d'attente était très importante le samedi et le vendredi, elle est déserte le samedi, autant en profiter !
Le livre : Le port des marins perdus est une sorte d'opéra en 4 actes, ode aux voyages et aux marins du début du 19ème siècle. Il règne dans ce livre le souffle épique, le chant anglais et la brise marine ainsi qu'un brin de fantastique et de Stevenson.
L'anecdote : Teresa Radice et Stefano Turconi sont un couple de dessinateurs italiens. Ils connaissent Zerocalcare qui est une star en Italie (et qui dédicace jusqu'à pas d'heures). La traduction est assurée par Frédéric Brrémaud, déjà vu en 2016.
Terminons les dédicaces avec Petit dont le départ du scénariste s'est effectué sous mes yeux.
Le livre : Petit est certes petit... pour des Ogres Dieux (donc géants). A travers toute la lignée des Ogres Dieux que l'on va découvrir au fur et à mesure de l'album, on va prendre connaissance d'un univers où les humains sont mis en esclavage et où Petit deviendra grand (ou pas).
L'anecdote : la série des Ogres Dieux ne va pas s'arrêter au deuxième tome paru (Demi-Sang).
Angoulême, c'est aussi l'occasion d'acheter des Kit Kat exotiques au stand "manga".
Enfin, Angoulême c'est aussi des expositions. Si je n'ai pas pris d'images de l'Exposition Hermann (c'était interdit), j'en ai pris de l'exposition Loo Hui Phang.
J'en ai également pris de l'exposition Kamimura. Ce qui m'a donné envie de découvrir son oeuvre et coup de chance, la bibliothèque de Bordeaux disposait de Le club des divorcés et Lady Snowblood
(que je recommande vivement) et qui a servi d'inspiration à Quentin Tarantino pour son Kill Bill.
Evidemment, tous les livres mentionnés ici sont de chaudes recommandations de lecture (même ceux que je n'ai pas encore lu ont été primé ou ont reçu suffisamment de critiques positives pour être considérés comme des valeurs sûres). Je ne patiente pas quelques heures juste pour le plaisir, mais parce que ces livres m'ont plu assez pour souhaiter échanger (voire ré-échanger) avec l'auteur.
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