05/07/12
20:24 Le jour où j'ai réalisé que j'avais vieilli
Samedi, 18h. L'Euro de foot bat son plein et avec lui, les soirées s'improvisent au détour d'un DM Twitter. C'est donc Céline qui me propose de voir le match dans un bar, me précisant qu'elle sera accompagnée d'une copine. J'en profite pour m'y rendre accompagné de Nico.
Je retrouve donc sur place Céline, Sophie et... Kader, qui a passé toute la journée avec Sophie, laquelle est fraîchement célibataire. La première chose que j'ai vu de Kader, c'est sa veste noire, posée sur un tabouret à côté de Sophie. Il faut dire que par 30°, une veste noire épaisse, ça fait bizarre. Kader m'expliquera plus tard que c'était pour être classe et que ça va bien avec sa chemise noire. Kader est venu avec un ami à lui, Thomas. Thomas passe son temps à siroter des bières, l'oeil tellement rivé à l'écran géant qu'il ne remarque pas qu'il bouche la vue de l'ensemble des gens placés derrière lui, en plus du passage du barman faisant l'aller-reour aux cuisines.
La soirée se passe bien (malgré la défaite prévisible tricolore). Céline nous annonce qu'elle doit partir bosser. Et là, d'un coup, je réalise que je suis entouré de deux étudiantes, d'un auto entrepreneur fraîchement débarqué et d'un muet. Qu'importe, l'ambiance est bonne. Décision est prise de quitter le bar. S'affrontent alors les idées de Kader (acheter des bières chez un épicier et traîner le long des quais) et de Sophie (se rendre dans une soirée gratuite référencée par Club&concerts).
Toute personne ayant un minimum suivi l'actualité bordelaise actuelle sait qu'il existe une sorte de mini psychose en ville, liée à quelques cadavres alcoolisés repêchés dans la Garonne. La mairie a donc déployé un vaste système de sécurisation du périmètre, rendant l'idée de Kader quelque peu irréaliste. Idée qui n'était pas sans m'évoquer les plans lose à base de "on va s'acheter un pack de kro qu'on va siroter sur le parking du supermarché". Déjà étudiant je refusais ce type de plan, alors là...
On se retrouve donc finalement chez Sophie (que Kader ne lâche pas d'une semelle), afin de voir les sorties à faire dans le Club&concerts. Manque de pot, toutes les soirées étaient payante. Nous voilà donc à partager deux bouteilles d'un litre de bière dans des gobelets en plastique. Et là, grave erreur, je tente de parler avec Thomas. Il a visiblement plus de 25 ans, sort d'une licence de philo et ne sait pas ce qu'il va faire de sa vie. Il se verrait bien documentaliste. Pourquoi pas bibliothécaire alors ? Ben, non, il faut passer un concours, et moi les concours, pffff... Puis afin de changer de sujet, on lui propose de mettre de la musique. Et là, contre toute attente, (sa propension à fumer à la fenêtre au 2ème étage en regardant avec une certaine sympathie le vide en dessous ainsi que le ton de sa voix monotone et lente nous ayant convaincu qu'il était dépressif), ledit Thomas nous balance du hard metal.
Ce fut un peu le coup de grâce pour Nico et moi-même. Nous quittons la soirée, non sans nous être fait prendre nos numéros de téléphone par Kader.
Que retenir de cette soirée ? Que malgré toute la gentillesse de Sophie, le respect de Kader et le mutisme de Thomas, je ne me suis pas senti à ma place. Transporté plus de 10 ans en arrière. Et que ces soirées-là, ce n'est plus ce que je veux vivre. Je veux quitter un bar pour aller dans un autre, je veux aller au restau... je veux pouvoir profiter de l'argent que j'ai gagné. je ne veux plus veiller jusque 5-6h du matin, même un week-end, comme le proposait Kader. Parce que je sais que je vais passer une partie de la semaine à essayer de récupérer. Je veux profiter de mon confort de vie acquis. Je me suis embourgeoisé. Je suis devenu vieux. Et je ne suis pas devenu moins con...
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