25/01/14
17:31 He walks
Un soir, en 2000, sur caramail. Un salon avec un homme et une femme qui discutent. Je me tape l'incruste. Aucune idée de qui cette femme était. Cet homme, par contre, c'était Karim. Si vous suivez depuis longtemps ce blog, vous savez qui est Karim. Vous l'avez peut-être même rencontré.
Pour ceux qui ne savent pas, Karim c'était le leader du groupe No Code. C'était un mec grand, costaud avec une barbe et une chevelure abondante. Un guitariste super doué. Un chanteur avec une voix très grave qui m'a toujours pris aux tripes. C'était aussi un mec peu bavard mais avec toujours la bonne vanne au bon moment. Un mec avare de mots mais qui savait les distiller. Un gars généreux, gentil.
Si je suis à Bordeaux aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à lui. Parce que c'est lui qui m'a hébergé pratiquement à chaque fois que je suis venu sur Bordeaux. C'est lui qui m'a laissé son appartement le temps que j'en trouve un. C'est lui qui m'a aidé à monter au premier étage le BZ sur lequel je suis assis pour écrire ce post. C'est lui qui est venu me faire ma seule visite à l’hôpital lorsque j'ai été opéré de mon calcul rénal.
Depuis mon arrivée à Bordeaux, un peu paradoxalement, on s'est progressivement moins vus. Cependant, il ne manquait jamais de m'informer quand il allait jouer, avec No Code, Here[in], Carafe ou plus récemment Lost in the orchestra... Et je manquais rarement ces concerts. Parce qu'il faisait partie de ces gens avec qui il n'est pas nécessaire de beaucoup parler pour se comprendre.
Récemment, au concert de Girls in Hawaii, j'ai appris qu'il faisait une rechute. Puis qu'il ne pourrait peut-être pas assister à la release party de Lost in the orchestra. Heureusement, il y était et je l'ai vu sur scène. Bien que fatigué, il était toujours aussi barbu et chevelu. Malgré la chimio.
Et puis ce matin, un DM sur Twitter. D'un coup, une angoisse. Une recherche rapide sur le net et ce lien : Karim, le message d'Alice. L'annonce avait été faite sur Facebook. C'est la première fois que je regrette vraiment de ne pas avoir de compte Facebook.
Je suis allé sous le choc au crématorium. La cérémonie était finie, le cercle des irréductibles allait partir. Il était assez pudique sur son état de santé et j'ai toujours respecté ça. On devait se boire un café une fois qu'il irait mieux. On s'est raté, comme un symbole j'ai raté sa cérémonie. Mais je sais qu'il a tout tenté pour honorer sa promesse, parce que c'était un mec honnête, droit et digne. Il disait en novembre en souriant qu'il était le seul rescapé de la formation originelle de No Code.
C'est la première fois que je perds un ami, plus jeune que moi. J'ai l'impression de n'avoir pas pu lui rendre tout ce qu'il m'a apporté.
J'en suis désolé Karim. Merci d'avoir croisé ma vie.
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