11/01/04
15:18 Wedding idea is gone...
Comme ce post est long, il faut cliquer sur le lien en dessous pour le lire. Et c'est comme ça.
La maison est en effervescence. Mon père ne quitte pas sa cuisine, tandis que ma mère nettoie pour la énième fois le salon. Je tente de manger une part de tarte, près de la table du séjour, en vain. Forcément, je vais faire des miettes et le travail de ma mère sera à refaire. A croire que plus l'on nettoie et plus l'on doit nettoyer... Je vais trouver le calme dans une chambre à l'étage. Cette atmosphère a tendance à m'énerver, et savoir que tout ceci est pour un mariage qui ne se tiendra même pas chez moi (pourquoi autant s'affairer lorsque l'on ne reçoit pas ?!) accentue mon irritation. D'ailleurs, j'ai décidé de ne pas aller à ce mariage. Non pas que l'union d'une amie d'école primaire (ayant été jusqu'à la fin du collège dans ma classe) me soit indifférent. C'est simplement que je garde une vieille rancoeur envers le mariage de sa soeur.
Perdu dans mes pensées, je ne vois pas ma mère monter. Il est temps d'y aller m'informe-t-elle. Je lui annonce ma décision de rester tranquillement à la maison, lorsqu'une nouvelle de poids me fait fléchir : la mariée, celle dont j'étais amoureux jusqu'en 3ème, a confiance en moi et veut que je lise un texte qu'elle a écrit pour son union avec Damien, mec obscur dont je ne connais rien. Ne pouvant refuser une telle marque de faveur, et étant très fortement en retard, je vais donc à l'église en jean et sweat, décidant de rentrer me changer avant mon allocution.
Ca faisait longtemps que je n'étais pas retourné dans l'église de mon petit village. J'ai du mal à reconnaître les lieux, tant le travail de rénovation a été bien effectué. Et le fait que l'autel ne soit plus au centre mais sur la droite achève de bousculer mes repères. La messe se déroule sans incident, et alors que je m'apprêtais à partir, j'entends une voix qui m'appelle. C'est la mariée. Je manque de l'éborgner en lui faisant la bise. Je tente de saluer ledit Damien de loin, mais il est tellement affairé que je me prends un bon gros vent en pleine face. Puis la mariée me donne le papier à lire et me demande de me tenir prêt.
Et me voici devant le micro, une foule incomptable en contrebas, qui bavarde. Et moi en sweat et jean, devant tous ces gens sur leur 31. L'anxiété me prend. Je tente de les faire taire. s'il vous plait. Aucune réaction. Il faut dire que c'est un son à peine audible qui est sorti de ma gorge. Je recommence, 2 ou 3 fois. Toujours pas de réactions. J'empoigne le micro à pleine main et me mets à hurler S'IL VOUS PLAAAIIIT. Instantanément, la foule s'interrompt. J'entends quelques mais il est fou celui-là ho ! dans le fond. Me voilà rassuré, j'ai un auditoire tout attentif. Je sors la feuille fournit par Gaëlle.
Je voudrai vous faire part de quelques mots que la mariée adresse au marié...
Applaudissement. Tout va bien. Je reprends plus ou moins mon calme, et le contrôle.
Je commence la deuxième phrase, lorsqu'une terrible bourrasque m'arrache le papier des mains et l'emporte au loin.
Panique.
La foule murmure.
On me tend un papier, qui correspond au brouillon du texte. L'écriture est difficile à lire. Je tente la première phrase. "Etudiant, nous n'avions pas beaucoup d'argent, c'était pas Mickey4D mais bien Mickey3D...". J'empoigne le micro. Etudiant, nous n'avions pas beaucoup d'argent, c'était pas Mickey3D mais Mickey2D.... La boulette. Personne ne rit. Je tente un coup d'oeil à gauche. Gaëlle me fustige du regard. Damien ressemble à un taureau prêt à foncer sur le malheureux entré dans son pré sans permission.
Je perds le contrôle. Je bredouille, tente de déchiffrer l'écriture. Rien n'y fait. Je n'y peux rien. Je ne peux plus rien.
Dans le fond, une voix : Excuse-nous Damien, il ne devait pas lire.
La foule discute et passe à autre chose. Je m'éclipse aussi discrètement que je peux encore le faire, et vais me réfugier derrière l'église, à côté du cimetière. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie. J'attends que le bruit de fond de la foule s'estompe. Les paroles de Renaud me viennent en tête : Mon amour est parti, est parti pour toujours. J'ai perdu mon amour et j'ai perdu ma vie... Je sanglote.
Je finis par décider de rentrer chez moi. En passant devant l'église, quelques personnes âgées me chambrent. A la stupéfaction et à la désapprobation générale, je les insulte. Quitte à se saborder, autant y aller jusqu'au bout. J'ai envie que cette journée s'arrête. J'ai envie qu'elle n'aie jamais existée.
Je rentre enfin chez moi. Mon père se veut conciliant : Bah, tu sais, fils, c'était pas facile ce qu'elle t'avait demandé là. Et avec un brouillon en plus... Et puis, t'es pas fait pour faire ce genre de choses, c'est tout....
C'est avec une voix entrecoupée de sanglots que je parviens à lui répondre qu'avec mes études, je devrai savoir m'exprimer en public, contrôler tous ces moments de stress...
J'ai honte.
Je me sens minable.
Je me réveille en sursaut.
Il n'est que 8h.
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